Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/40

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Car je me sens l’élu des pâles souveraines
Du Sort ; à vous ce corps qui n’a pu vous surseoir,
Mais mon âme, mon âme à la Reine des reines !


Ô Pure que mes yeux, même purs, n’ont pu voir,
Ô Forte que mes bras, même forts, n’ont pu ceindre,
Voici que tonne enfin le triomphe de l’Hoir ! »


Et ses doigts à sa gorge, afin d’y mieux étreindre
Les affres, il sonna de l’olifant vermeil
Vers le soleil tardif, sur ces mers, à s’éteindre.


Par merveille surgit du fond des flots, pareil
Au rêve d’un poète ancien, le blanc cortège
Des naïades, nageant lentes comme au réveil.


Et l’une sous ses bras plus froids qu’aucune neige
Souleva le mourant, et l’autre l’enroula
Dans un linceul tissé pour un roi de Norvège.


Une nacelle d’or et de nacre était là,
Que traînaient des dauphins bleus et des hippocampes.
Lourde de mort, pour les exils elle cingla.