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LE PALAIS DÉSERT

à Jean Moréas.

Le Palais qui dans l’air crépitant de cigales
Étalait vers l’azur mordoré de la mer
Ses façades de marbre aux fines astragales,
N’enverra plus l’éclat de ses pompes régales
En insulte au tumulte éternel de la mer.

Plus ne rira, le long des grêles colonnades,
La courtisane aux bras lourds de bracelets d’or ;
Les pages chamarrés ont fui les esplanades,
Et voilà dispersés, las de leurs sérénades,
Les baladins, charmeurs des mandolines d’or.

Car le Prince aux yeux bleus qui s’en vint, ô victoire !
Sous la pourpre des étendards fleuris de lys,
Proclamer à ces cieux l’orgueil de son histoire,
Est mort sous les baisers du sort expiatoire
Pour avoir trop aimé les roses et les lys.