Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/50

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Aucun souffle n’émeut le somnolent silence :
Les paons sont endormis aux balustres de fer,
Et dans les bassins roux d’où nulle eau ne s’élance
Les cygnes, oubliant leur pâle turbulence,
Rêvent de chants de deuil sous un soleil de fer.

La dolente glycine au long des galeries
Pend. Et partout le calme énorme de la mort
Pèse comme un remords de vieilles duperies
Sur les bosquets feuillés en ce lieu de féeries
Où les joyeux, jadis, avaient nargué la mort.

Seule, une enfant de rêve à la légère haleine
Vient par les longs sentiers, et vers l’heure du soir,
Avec des gestes lents de fileuse de laine,
Murmure au cœur des fleurs la vieille cantilène
De son amour éclos et défunt en ce soir :

Le Prince de mon désir est mort :
Je scellai ses paupières de pleurs
Et je voilai son visage accort
D’un samit à ramages de fleurs.