Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/52

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Soudain c’est un frisson de satins et de soies
Sous l’arcade de marbre, et l’éveil des chansons
Du vieux temps — mais où sont nos danses et nos joies ?
Et l’âpre froissement des pas las sur les voies,
Et la vie, et l’amour au retour des chansons.

Les paons déroulent, lourds, le faste de leurs plumes
Au perron de parade où les seigneurs, jadis,
Prélassaient leur prestance en lumineux costumes ;
Et les cygnes, par les bassins verdis de brumes,
Voguent sous les sanglots des jets d’eau de jadis.

La flûte aiguë alterne avec la mandoline
En un gai virelai de désir, et là-bas
La brise a lutiné la robe zinzoline
De quelque courtisane à caresse câline
Qui voulut voir mourir le soleil d’or, là-bas.

Puis peu à peu se meurt la voix évocatrice
En un passé hanté de mystères mauvais ;
Mort aussi, souvenir, le musical caprice
Des échos ; des hauts cieux l’ombre dominatrice
Tombe, avec les regrets et les songes mauvais.