Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA MAUVAISE REINE

à Adolphe Retté.

Au bord du fleuve noir où stagne l’or des astres,
La Reine, le corps roide en sa gone de fer,
S’en va, les nuits sans lune, à l’heure des désastres,
Cueillir la belladone et l’euphorbe d’enfer.

L’âme de Satanas n’est lasse de la suivre :
Ses maigres bras sont durs du geste des combats,
Et ses yeux hyalins sous sa toison de cuivre
Brûlent du doux désir des sinistres sabbats.

Ses chants ont assoupi l’essor de la Tarasque
Lorsqu’elle couvait l’or sous ses squames rampants ;
Puis, la flûte aigre aux dents et sur sa face un masque,
Elle a ravi, tout bas, leurs secrets aux serpents.