Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/67

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L’eau verdoie. Et ses doigts virides d’émeraudes
Pillent les fleurs de deuil dont à l’aube du jour
Elle distillera, lourde de ses maraudes,
Les philtres de la Fée endormeuse d’amour.

Dans la fange où parfois une épée étincelle,
Des cadavres de rois aux casques de taureaux
Révulsent leurs yeux verts au passage de celle
Dont l’étreinte étrangla leur orgueil de héros.

Au nocturne manoir les étendards en loques
Claquent. Mais elle, calme et le front souverain,
À pas qui font tinter l’or de ses pendeloques
Sur les chrysobéryls de son lourd gorgerin,

S’en va, vaticinant d’après un rite occulte,
Vers la Grand’Forêt close aux rêves de retour,
Où les Monstres du Mal hurlent en noir tumulte
Sur les chairs d’enfants fous perdus au carrefour.