Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/75

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Elle connaît la fin et la cause des choses,
Et sa pensée éparse en l’espace et le temps
Rêve de mondes morts et de métamorphoses :
Elle est celle qui sait le futur des antans.

Elle a vu par les cieux flamboyer les épées
Des anges de vengeance, et surgir du Néant,
Dans une éternité de rouges épopées.
Les astres que broiera la hargne du Géant.

Son orgueil surgira dans les apocalypses
Pour désoler les rois des futurs paradis :
Comme un soleil ressuscitant de ses éclipses,
Elle doit vivre étant la mère des maudits.

Elle est à jamais sourde aux froissements des palmes
Dont les guerriers et les bouffons jonchent ses cours ;
À peine si parfois, dans le sursis des calmes,
Elle entend murmurer les poètes des jours.

Et tandis que sans fin, du haut des atmosphères
Où dorment les espoirs damnés de l’avenir,
Tombe comme un remords la musique des sphères,
L’Idole qui ne peut vieillir ni rajeunir