Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/74

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De blancs adolescents, aux tintements des harpes,
Luttent sur des pavois que des barbares noirs
Exhaussent de leurs bras entortillés d’écharpes
Vers les dômes de nacre où défaillent les soirs.

Dressant sous les flambeaux d’argent leurs faces glabres,
Les bouffons roux, avec des frissons de satin,
Font tournoyer en l’air des boules et des sabres
Que des singes gemmés guettent d’un œil mutin.

Et les Poètes fous sont debout dans leur gloire
Parmi les étendards d’amarante et les ors,
Clamant haut les refrains d’une ode de victoire
Qui bat les infinis d’un tourbillon d’essors.

Ce sont des craquements de béryls sur les dalles,
Des paons girant en jeux d’amour sous les portails,
Et dans l’éloignement des lumineux dédales,
Des danses d’enfants nus lançant des éventails.

Mais celle pour qui seuls ont ri les bacchanales,
Ouvrant vers l’inconnu ses prunelles de nuit
Où palpitent soudain des lunes infernales
Poursuit la vision qui la leurre et la fuit.