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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/132

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lui

Ô femme, effeuille-les, et à tous donne tes baisers,
Et le regard doux de tes yeux, et le geste de tes mains !
Car l’amour n’est pas avare, et tu peux oser
Toute la charité dont a besoin demain.

elle

Ô toi le seul, c’est à peine si je te comprends !
Ne m’aimes-tu plus ? N’es-tu pas, comme les autres hommes,
Jaloux, et dressé devant ton bien que tu défends
Dans la rage et la tempête ? Sais-tu ce que nous sommes ?

lui

Nous sommes une chair lourde que l’Âme, de ses faibles ailes,
Essaie d’enlever comme une offrande aux étoiles.
Nous sommes des fous aux yeux éteints sous les cinq voiles
Que les anges nous arracheront au seuil de leurs citadelles.

elle

Tes paroles sont si lointaines qu’elles me font peur.
Je ne veux pas connaître la raison haute des choses.
Qu’il me suffise de jeter à ceux qui les veulent mes roses,
Et de chanter, quand l’Inconnu frémira dans ton Cœur.