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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/133

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lui

Es-tu sage ? Es-tu folle ? Certes, de toutes ces roses
Je pourrais te tresser de bien belles couronnes.
Mais elles me semblent, en cette ombre où ma pensée s’abandonne,
N’être que des rêves vides dont j’ignore la cause.

elle

Ne suis-je donc pour toi qu’un fantôme sur la route
Dont, quand la nuit est sombre, on se sauve et on doute,
Car on ne sait pas si les mauvais morts ne reviennent pas
Flairer sur la terre la trace de leurs pas ?

lui

Je tremble à mon tour de l’horreur de tes paroles.
Je ne veux pas te répondre, de crainte que les astres mêmes
Ne s’effeuillent autour de nous comme les légères corolles
Qu’au vent de ce soir, la corbeille levée, tu sèmes.

elle

Homme, tu as donc peur ? Voici mes lèvres qui chanteront
L’incantation qui éloigne les mauvaises pensées,
Et voici mes mains que les tiennes ont caressées,
Et mes seins où j’éventerai la fièvre de ton front.