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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/138

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Près de l’âtre où éclatent en fleurs de flamme les bûches
Je lis des histoires tristes de très vieilles reines
Qui me font oublier les anciennes semaines
Où les abeilles bourdonnaient dans les ruches.

Dehors les tourterelles ouvrent large leurs ailes
Pour recevoir le baptême sacré de la pluie,
Et les poules secouent leurs plumes dans la grange où s’ennuient,
Griffant parfois la paille, les chats roulés pêle-mêle.

Personne, à cette heure, ne passera sur la route,
À moins que la mendiante à la chevelure rousse
Ne vienne, avec son geste qui craint qu’on la repousse,
Quêter un peu de pain, comme le remords cherche l’absoute.

Au fond de la salle sombre, je me sens seul au monde,
Ce soir où les cheminées ont une odeur de suie,
Et je demande en vain son secret à la pluie
Qui me fait presque pleurer comme un enfant qu’on gronde.