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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/153

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Ô Mort, sème tes pavots légers sur mes paupières,
Enchaîne mes mains dont se dresse contre toi la révolte,
Entrave mes pieds qui buttèrent à tant de pierres,
Et mène mon âme au pays des divines récoltes.

Ici je tâtonne comme un fou dans les ténèbres
D’où s’essore parfois le vol chantant d’un ange.
Je connais toutes les routes de la contrée funèbre
Dont je porte jusqu’au front les stigmates de fange.

Ô Mort, rends-moi la lumière dont je suis l’ombre,
Et l’être immatériel dont je suis le fantôme,
Et la pensée redevenue enfin pur nombre
Qui réglera le cours des astres et des royaumes.

Car vraiment je suis si las de tous et de moi-même,
Malgré que je sache qu’il faut bâtir les villes
Qui exhaleront un jour leurs prières et leurs poèmes
Vers un nouveau Dieu d’un nouvel évangile,