Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les vagabonds au chapeau rabattu sur les yeux
Qui attendent le voyageur hésitant au coin
De la forêt où des croix marquent les mauvais lieux.
Ils viennent quémander, quand le soleil est loin,
La miche de pain rassis et le pichet de vin sur
À la femme furtive et au vieillard lourd
Qui écoutent, sans oser crier au secours,
Leur haleine qui souffle au trou de la serrure.

Si ce sont eux, je rallumerai la flamme du foyer
Pour que s’y chauffent les pauvres que personne n’a choyés,
Et la porte ouverte à leur soif et à leur faim,
Je leur verserai le vin et je leur briserai le pain
Jusqu’à ce que les huches soient vides et les verres pleins.
Puis je leur dirai : « Allez et laissez à sa paix
Celui qui a eu pitié de vous et qui pleure
Sur le destin des vôtres qu’un Dieu fou a frappés ;
Et si vous m’aimez un peu pour ce peu de bonheur,
Laissez sur mon seuil, au printemps, quelques fleurs. »

Entends-tu tous ces poings qui frappent à la porte ?