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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/212

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C’est peut-être Celui qui vient vêtu de blanc,
Suivi comme un pasteur par l’innombrable cohorte
Des estropiés, des malades, des fous et des enfants,
Me sommer de le suivre sur la route sans fin
Vers les villes qu’on ne voit pas encore à l’horizon.
Il fait dans la nuit le geste immense du pardon
En ouvrant vers le ciel le double éclair de ses mains,
Et l’on ne sait si ceux qui baisent sa robe de lin
Chantent de toutes leurs voix ou pleurent de tous leurs yeux,
Tant leurs regards sont tristes et leurs hymnes joyeux.

Si c’est lui, je prendrai le bâton de voyage,
La coupe pour ma soif, la besace pour ma faim,
Et confondant dans la neige mes pas de pèlerin
Avec ceux des multitudes sans nombre et sans âge
Qui suivent le Rédempteur vers des destins meilleurs,
J’irai, heureux enfin de croire à mon âme,
Sous le signe céleste de ténèbres et de flammes
Qui annonce la mort ou la vie aux veilleurs,
Détruire, pour les rebâtir, les remparts trop vieux
Où se déferleront demain les étendards de Dieu !

Entends-tu tous ces poings qui frappent à la porte ?