Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/226

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Jadis, quand nous heurtions du pommeau de nos épées
Les portes bardées de cuivre, les danseuses avec des fleurs
Et les musiciennes avec leurs flûtes en pleurs
Venaient nous consoler des dures épopées.

Mais maintenant nous en sommes au déclin de la vie,
Et nous ne connaissons plus sur le seuil des maisons,
Les femmes trop jeunes aux nouvelles chansons.
Hélas ! que ne sommes-nous morts sur la montagne gravie !

La bise siffle à travers les trous de nos bannières
Que nous voulions porter à l’église des aïeux
Afin que des hommes pussent dire un jour : « Les Preux,
Dont le sang brûle encore en ces loques, furent nos pères

Mais personne, sur la route aride, ne vient à notre rencontre
Portant les pains dorés et la cruche de bon vin,
Et les lyres qui sonnent sous un souffle divin,
Et les lauriers qu’à ses fils la mère agenouillée montre.

C’est à peine si nous voyons rougir sur la colline,
Dans le crépuscule où remue le retour des troupeaux
Et murmure le fredon pacifique des pipeaux,
La Ville vers laquelle notre marche lasse incline,