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Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/242

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Les torches s’allumeront dans la bourrasque des bannières
Et la tempête des tambours, pour faire flamber jusqu’à Dieu
Les temples où Jésus, tordu, grimace sous les lanières.

Car notre enfant apportera, jeune bousculant les vieux,
La haine de la laideur et le mépris du sacrifice :
Il restaurera le culte de la Lance et de l’Épieu.

Et parce qu’il sera, ô Vénus charnelle, ton fils,
Il aimera, parmi les parfums, les pierreries et les lampes,
Les garçons aux maigres hanches et les femmes aux lourdes cuisses.

Ses fêtes d’or et de sang, déroulées le long des rampes
Des escaliers de ses palais, feront frémir de peur
Les pauvres d’esprit qui dans les cryptes, à genoux, rampent.

Devant son char chantera l’innombrable chœur
Des briseurs d’images et des vociférateurs de blasphèmes,
Au son des tambourins qui palpiteront comme des cœurs.

Les légions des Vaincus, comme les strophes d’un poème,
Évolueront, casquées et cuirassées, à l’entour de son trône
D’où soleil du monde irradiera son diadème.