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Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/243

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Et s’il est content, il fera, baissant son sceptre, l’aumône
D’une fête de la chair à ses millions d’esclaves :
Ces nuits-là, ceux qui dorment rêveront à Babylone.

Cuvant leur vin au bord des fleuves pleins d’épaves,
Les villes illuminées insulteront aux astres
De leurs hoquets, de leurs musiques et de leurs masques hâves.

Les femmes seront délivrées de monstres aux pieds des pilastres
Entre lesquels rugira la danse des bacchanales :
Et à l’aurore se liront au ciel des signes de désastres.

Car, ô Vénus, l’Ennemi ne sera pas mort, des anciennes annales.
D’autant plus fort qu’il sera plus faible, comme l’autre enfant,
Il naîtra, connu des seuls bergers qui veillent au fond du val.

Comme l’autre, nimbé de lumière et revêtu de blanc,
Il apportera le pardon de ses mains mortes aux hommes,
Et l’amour sans fin ni bornes de tout son cœur saignant.

Comme l’autre, il sera le vainqueur des dieux que nous sommes,
Et à cette heure-là de notre définitive défaite,
Ô Vénus qui entendis chanter vers toi Athènes et Rome,