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Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/245

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Les bras pâles de Vénus se tordaient vers lui,
Et ses lèvres comme des fleurs s’ouvraient à ses mots.
Mais Satan, cerné soudain de centaures, s’enfuit

Vers la forêt tremblant d’un choc sourd de galops
Et vers les antres sonores du chant des derniers faunes,
Et vers la mort où les dieux mêmes oublient leurs maux.

Et Vénus, étendant, blanche sur le sable jaune,
Son corps puissant où brûlait l’infernale semence,
Rêva sous la lune à des rois qu’on détrône,

Jusqu’à ce que l’Aurore, rose dans le silence,
Eût éteint une à une, comme des rêves, les lumières
Dans les cités lointaines, Carthage ou Byzance,

D’où doit surgir un jour le renverseur de pierres
Et le dévastateur de plaines, de forêts et de champs,
Son fils, Orphée du mal, qui sur sa lyre de fer

Épouvantera le monde du tonnerre de ses chants !