Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/244

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Tu retourneras mourir dans les fraîches retraites
De la mer maternelle qui berça ta beauté,
Une aube où Pan, mon père, enjôlait la tempête.

Moi j’irai finir dans les forêts d’été,
Y mordant les glands, les noisettes et les pommes de pin,
Et les loups seuls verront Satan à terre sangloter.

Notre fils (qu’importe ? il ne sera qu’humain,
Et non l’Instinct formidable que tu fus
Et que je serai jusqu’à la honte de demain),

Notre fils sera le dernier de la race des élus
Qui fera peser le joug brûlant de sa révolte
Sur les hommes désormais asservis à Jésus.

Ô Vénus, nous verrons bientôt faucher nos dernières récoltes.



III



Tour à tour triomphale et désespérée
La voix de Satan s’éteignit dans la nuit
Comme celle de la tempête sur la mer empourprée.