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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/142

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Je ne sais ! et je cherche à cœur perdu ta bouche
Où je savoure un goût de larmes et de sang.
Tragique instant où rien du monde ne me touche
En dehors du baiser de ton corps frémissant !

Mais il faut maintenant délacer notre étreinte
Et retracer nos pas qu’un souffle a effacés.
Vois, la lune est levée et l’on entend la plainte
Lointaine des jardins que l’automne a blessés.

Fuyons le parc ancien et refermons ses portes
Sans bruit sur le passé, ses fleurs et nos regrets.
Rends aux miennes tes mains si faibles et si fortes
Pour attester l’Amour et ses espoirs secrets.

Et ne te penche plus sur l’onde des fontaines
Où le soupir des nuits fait choir les feuilles d’or.
Je craindrais d’y revoir, en ombres incertaines,
Ton visage s’éteindre ainsi que dans la mort.