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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/182

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Sur la colline proche un orme se balance.
À son abri, l’auberge au toit de tuiles vertes
Abandonne au passant ses portes large ouvertes.
Mais crois-moi, reste ici parmi les bonnes herbes
Dont tu feras ta couche. Arrache-les par gerbes.
Choisis le romarin, la lavande et la menthe
Dont fleureront tes mains, comme si ton amante
Venait de leur livrer toute sa beauté nue.
La nuit sur ton sommeil sera la bienvenue.
Tes songes seront ceux des gueux et des poètes,
Et quand grisolleront au ciel les alouettes,
Tu riras au soleil, sentant jusqu’à ton âme
Sa flamme te brûler comme un baiser de femme.

L’air rêche du matin fripera tes paupières
Quand tu iras, butant un peu parmi les pierres,
Rafraîchir ton réveil à l’eau de la fontaine
Oui coule en murmurant parmi la marjolaine.
Tes cheveux seront pleins de l’or des feuilles mortes,
Et tout ton corps exhalera les odeurs fortes
De cet automne chaud qui roussit et ravage
Les étoiles du ciel et les fleurs du rivage.
À genoux, le front bas, comme un pauvre qui prie,
Lave tes yeux au clair de la source fleurie,