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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/209

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La voix du vagabond ! C’est elle, appel au rêve,
Qui me redressera sur la dernière grève
Pour de nouveaux départs et quel nouvel espoir !
Qui parla de mourir ? Je vaincrai l’ange noir
Et mon âme, tout chants et flammes, sur cent ailes
Folles, s’envolera comme les hirondelles
Vers la lumière, et les moissons, et le bonheur,
Malgré la nuit qui vient sur les flots et l’horreur
D’être seul dans le vent futur de la tempête,
Et l’effroi de savoir que je m’enfuis en quête
D’un trop beau paradis interdit à mes pas.

Mais qu’importent les morts, les larmes et les glas,
Et même de ne rien surprendre aux destinées ?
Je suivrai les chanteurs et leurs voix obstinées
Vers les sommets d’azur et les étoiles d’or
Plus haut que n’atteignit aucun mortel essor !
Car, vagabond qui vins, ce jour de quiétude,
Ébranler de tes chants et de ton geste rude
La porte du logis où depuis trop longtemps
Je restais lâche et sourd aux cris des mécontents,
Tu m’as appris qu’il est, par les chemins du monde,
Précurseurs faisant signe à la horde qui gronde,
Quelques voyants de l’avenir, à toi pareils,