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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/34

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Je ne sais si j’osai la baiser sur la bouche,
Tant la douce avait l’air de chérir sa douleur.
Ce pays pourtant se creusait comme une couche
Et le ciel semblait la corolle d’une fleur.

Puis voici que j’oublie. Où donc t’ai-je perdue,
Mémoire d’un temps de reines en pleurs, sinon
Dans le bruit des cités ? Et t’ai-je jamais vue,
Ô chanteuse triste qui n’avais pas de nom ?

Ah ! ne suis-je vraiment qu’un poète malade
Qui, féru d’amour pour le rêve qui le fuit,
Enchante sa peine au refrain d’une ballade
Apprise aux pages d’un ancien livre, une nuit ?

Non, mon âme à ce point ne peut être incertaine.
— Dans un lointain pays aux parfums de jasmin
C’étaient sept princesses autour d’une fontaine,
Assises tristement, le menton dans la main.