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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/43

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Aussi peut-on me voir, les soirs de pourpre et d’or,
Chantant comme un poète aux portes de la ville
Les chants que ne sait plus la multitude vile.
Mais les feux vont s’éteindre et le peuple s’endort.

Qu’importe à mon orgueil l’outrage du silence ?
Quoique mon front fléchisse un peu plus chaque jour,
Et que mes yeux soient morts aux flammes de l’amour,
Et que mon bras faiblisse à soulever la lance,

Je sais que devant Dieu je suis toujours le roi
Qu’on ne dépouille pas de sa puissance occulte.
Car, malgré la défaite, et la fuite et l’insulte,
Et le tocsin sonnant au plus haut du beffroi,

Je crois voir resplendir au fond des nécropoles
Mon diadème d’or, que dans les temps futurs,
Ceindra quelque héros qui, pur parmi les purs,
Aura compris le sens sacré de mes paroles !