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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/61

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Entendant les crapauds coasser à cœur fendre
Près des eaux où le ciel épanchait tout son sang,
J’essayai de courir vers le jour finissant ;
Mais sur mes pieds trop lourds s’amoncelait la cendre.

Je voulus au moins voir aux confins bleus des cieux
La lune se lever blanche sur les bruyères.
En vain ai-je levé de pesantes paupières :
La cendre avait empli de ténèbres mes yeux.

Croyant qu’en cette nuit Dieu seul pourrait m’entendre,
J’essayai de prier, tel l’enfant d’autrefois ;
Mais le silence seul répondit à ma voix,
Car ma bouche muette était pleine de cendre.