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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/69

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T’es-tu, lâche — la fuite étant ton seul courage —
Enfui loin de la ville aux mauvaises maisons ?
As-tu, front bas, à bout de luxure et de rage,
Compris le sens secret des vieilles oraisons ?

Ah ! réponds que c’en est fini de cette orgie
Où tes pas titubants traînaient toute la nuit
Du cabaret puant à l’âcre tabagie.
Réponds qu’après cela c’est Dieu qui te conduit !

Quoi ! tu restes muet, homme aux lèvres mauvaises ?
Tu cherches le chemin du retour à la mort ?
Vois donc, l’aube renaît. Je veux que tu t’apaises.
Des enfants aux yeux frais te chantent réconfort.

Et l’on entend monter de toutes les églises
L’angelus comme un vol d’archanges vers les cieux.
Les parfums du printemps ont embaumé les brises
Qui font sourire au seuil de leurs maisons les vieux.

Sois bon, sois doux, sois sage, ô toi, mon pauvre frère.
Laisse-moi te guider, puisque ton cœur est las,
Vers l’asile de paix et de calme prière
Où viendra s’achever la trace de les pas.