Page:Mestscherski - Les Poètes russes, Volume 1, 1846.djvu/134

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Toi qui n’as pas de cause et qui n’a pas de lieu,
Qui fais, étreins, emplis, maintiens tout par toi-même,
Infime agent, auteur suprême,
Ô Toi que nous acclamons Dieu !

L’intelligence peut, planant d’une aile sûre,
Mesurer ou compter mers et cieux constellés ;
Toi, tu n’as pas de nombre et n’as pas de mesure ;
Les chiffres de tes noms sont à peine épelés,
Les esprits nés de ta lumière
Ne peuvent suivre la carrière
De tes décrets pleins de splendeur ;
Et la pensée, osant atteindre tes rivages,
Comme l’heure qui fuit dans le torrent des âges,
S’évanouit dans ta grandeur.

Le chaos, qui prit vie avant le temps des choses,
Tu l’évoquas du gouffre où vit l’éternité,
Et ton éternité, toi-même tu la poses
De tout temps en toi-même, à perpétuité,