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Page:Mestscherski - Les Poètes russes, Volume 1, 1846.djvu/137

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Quoi ! rien ? et cependant c’est sur moi que rayonne
Ta bonté, ce grand astre empreint à ton bandeau ;
Tu te mires en moi que ton regard sillonne,
Ainsi que le soleil dans une goutte d’eau.
Rien ! et pourtant je sens ma vie,
Pourtant, insatiable, un instinct me convie
À monter au sommet d’un ciel plus éclairci…
Oui ! mon âme, seigneur, pressent votre existence ;
Je réfléchis, je juge en ma pensée intense ;
Je suis, — donc vous êtes aussi.

Vous êtes ! la nature en tout me le proclame,
Mon cœur à mon esprit le répète si bien,
Et ma raison si haut le redit à mon âme !
Puisque vous êtes, vous, moi je suis plus que rien.
Je suis, moi, du grand tout la parcelle vivante,
Le moyen échelon de l’échelle mouvante,
Où les êtres créés font leur ascension,
Où la brute finit, moi l’homme, je commence ;