Page:Metivet, Jean-qui-lit et Snobinet, 1909.djvu/130

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notamment de choisir, pour fourrer dans ses poches, des livres d’un format pas trop encombrant.

Il a fort bien fait car, si l’on est agréable à écouter, il faut aussi ne pas être désagréable à regarder, et, parce qu’on possède les trésors de l’intelligence, ce n’est pas une raison pour négliger sa toilette.

Quand on a des objets précieux on ne les range pas dans une vilaine boîte.

Mais il n’est pas nécessaire non plus quand on a une belle boîte, de ne jamais rien mettre dedans.

C’est pourquoi Snobinet, de son côté, s’est aperçu qu’il était prudent, si l’on voulait tenir un bon rang parmi ses contemporains, de ne pas se contenter de la supériorité que semblent donner une chevelure bien lissée, un joli veston, un pantalon à la mode, une cravate mirifique et un monocle inutile quand on y voit clair.

C’est une supériorité qu’il est facile d’acquérir. On doit aussi orner son esprit et, pour cela, il ne faut pas traiter de sauvages les habitants des cinq parties du monde, dédaigner l’histoire, mépriser les sciences mathématiques ou se moquer de la géographie.

Il a compris que, pour être un homme vraiment « chic », on ne doit pas se faire remarquer en affectant une tenue trop négligée, ce qui n’est pas toujours poli et peut passer pour une prétention comme une autre, ni s’habiller avec une coquetterie outrée qui souvent ne prouve pas un très bon goût, mais qu’il vaut mieux se rendre séduisant par une conversation intéressante, être élégant sans exagération et savant sans se montrer pédant.