Page:Metivet, Jean-qui-lit et Snobinet, 1909.djvu/18

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botanique ou l’astronomie, quelques erreurs à faire frémir un membre de l’Institut, mais ce jeune savant excelle à discourir sur mille et un sujets avec une verve intarissable, car il est fort bavard, en assaisonnant ses conférences de réflexions comiques, car il est extrêmement gai.

Snobinet, lui, écoute tout ça du haut de son grand faux col, en souriant avec condescendance de temps à autre : cet élégant personnage ne rit jamais aux éclats ; pouffer serait incorrect, vulgaire, et Snobinet tient à être, avant tout, correct et suprêmement distingué.

Les fantaisistes conversations de son ami lui semblent un peu folles. Il s’étonne qu’on puisse s’intéresser au passé ; seuls les gens d’aujourd’hui sont dignes de son attention, et, surtout, les gens d’un certain monde, le monde de Snobinet.

Quant aux habitants des divers pays du globe, ils existent probablement dans la brillante imagination de Jean-qui-Lit, ils habitent peut-être quelque part, mais c’est là-bas, au diable vauvert, très loin, et ils ne comptent pas, pour la bonne raison qu’ils ne sont pas Parisiens et que Snobinet est né à Paris, ce dont il tire une vanité vraiment excessive car, en somme, on n’a aucun mérite personnel à être venu au monde dans un endroit plutôt que dans un autre.

Cette indifférence orgueilleuse a d’ailleurs comme résultat que notre jeune ami est ignorant comme une carpe, ainsi