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LA PHILOSOPHIE DE LA MATIÈRE

Revenons aux gaz formés d’un élément saturé de calorique.

« L’azote nous dit-on est un des principes les plus abondamment répandus dans la nature. Combiné avec le calorique, il forme le gaz azote ou mofette qui entre environ pour les deux tiers dans le poids de l’atmosphère[1] ».

Le principe hydrogène qui, l’expérience l’a montré, est le radical constitutif de l’eau n’existe pas à l’état pur : « son affinité pour le calorique est telle qu’il reste constamment dans l’état de gaz au degré de chaleur et de pression sous lequel nous vivons. Il nous est donc impossible de connaître ce principe dans un état concret et dépouillé de toute combinaison[2] ».

Lorsque le gaz hydrogène brûle dans le gaz oxygène, les deux gaz se décomposent, laissant le calorique s’échapper sous forme de chaleur sensible et les radicaux se combinent pour former de l’eau. « Si réellement l’eau est composée comme j’ai cherché à l’établir (écrit Lavoisier), d’un principe qui lui est propre, l’hydrogène combiné avec l’oxygène, il en résulte qu’en réunissant ces deux principes, on doit refaire de l’eau et c’est ce qui arrive en effet »[3].

Nous ne pouvons insister sur les combinaisons des gaz entre eux, ni entrer dans l’étude des réactions chimiques où ils sont impliqués ; nous en avons assez dit pour montrer comment Lavoisier tentait de rendre compte du concept de gaz par l’existence d’un principe gazéifiant, qui serait le support matériel de tous les corps gazeux.




LE CONCEPT DE CALORIQUE, LA STRUCTURE DE LA MATIÈRE ET LA LUMIÈRE


Attachons-nous au « calorique » caractérisant l’état gazeux et soutien matériel chez Lavoisier du concept même de gaz[4] ; notons d’abord qu’en même temps que les chimistes de la deuxième moitié du xviiie siècle étudiaient avec une sorte de passion les divers

  1. Vol. I, p. 213.
  2. Vol. I, p. 217.
  3. Vol. I, p. 96.
  4. On peut lire sur ce point un grand nombre de mémoires insérés dans les œuvres complètes.