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CHEZ LAVOISIER

impose l’état acide aux corps qui en sont saturés, et (mais il s’agit d’une hypothèse qui fut condamnée par l’expérience) que l’azote impose l’état alcalin aux corps qui en sont saturés.

Arrêtons-nous un instant au concept même de gaz que Van Helmont avait autrefois appliqué aux corps rendus aériformes par leur dissolution dans l’air, et qui par extension désignait maintenant tout fluide aériforme qu’il fut aérien ou factice ; sans insister outre mesure sur ce sujet rappelons qu’après les découvertes de Black, de Scheele, de Lavoisier et surtout de Priestley, Bucquet avait encore écrit en 1777 avec beaucoup de bon sens. « Plusieurs physiciens et chimistes s’attachant au seul nom d’air sont restés persuadés que tous les fluides que M. Priestley a fait connaître, n’étaient et ne pouvaient être que de l’air chargé de quelques vapeurs de différentes natures, tant ils étaient convaincus qu’aucune substance, autre que l’air ne peut se montrer sous les apparences de cet élément »[1].

Lavoisier ne crut pas un instant que les différents gaz n’étaient que de l’air atmosphérique modifié par des impuretés ; pour expliquer le genre gazeux, il voulut pourtant que toutes les substances appartenant à ce genre continssent un substrat générique, un élément caractérisant le genre ; il était normal que cet élément dont nous parlerons tout à l’heure fut le calorique, les solides se dilatant, se liquéfiant puis se vaporisant sous l’action de la chaleur.

« Nous avons appelé d’un nom générique de gaz dit encore Lavoisier toutes les substances portées à l’état aériforme par une addition suffisante de calorique, en sorte que si nous voulons désigner l’acide muriatique, l’acide carbonique, l’hydrogène, l’eau, l’alcool dans l’état aériforme, nous leur donnerons le nom de gaz acide muriatique, gaz acide carbonique, gaz hydrogène, gaz acqueux, gaz alcool »[2].

De même que les radicaux des acides ne sont pas obligatoirement des corps simples, il arrive que les substances qui forment la base des gaz ne soient pas élémentaires ; Cela est vrai notamment pour le gaz acide muriatique, le gaz acide carbonique, le gaz alcool, et le gaz acqueux qui n’est que de la vapeur d’eau.

  1. Bucquet. Mémoire sur la manière dont les animaux sont affectés par différents fluides aériformes méphitiques ; et sur les moyens de remédier aux effets de ces fluides, précédé d’une histoire abrégée des différents fluides aériformes ou gaz. Paris, 1777, in-12, p. 8.
  2. Vol. I, pp. 200-201.