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INTRODUCTION GÉNÉRALE

prodigieusement variés, ses phénomènes disparates, ont pu former en nous une synthèse fort imparfaite, certes, mais néanmoins suffisante pour que nous puissions pénétrer tant soit peu dans son harmonie cachée, le problème de la formation des concepts généraux serait d’une solution facile. Nous verrions alors sur le vif, comment les ressemblances et les différences entre les objets ou les faits sont venues frapper notre esprit ; comment, celui-ci formant un faisceau de ces ressemblances, et écartant provisoirement les divergences, a pu ranger dans les mêmes genres ce qui lui paraissait semblable ; comment, d’autre part, il a pu décomposer les ensembles en leurs principes constituants par une analyse tout d’abord grossière ; bref, il nous suffirait de décrire la succession de nos propres pensées au contact des choses variées et qui nous heurtent constamment, pour établir sinon quelle est la signification réelle des concepts que le sens commun et les sciences en formation offrent toutes faites à nos regards, du moins quelles sont les règles empiriques qui président à leur organisation naissante.

Malheureusement, il ne nous est pas donné de connaître quelles furent les démarches primitives de l’esprit humain, et les balbutiements enfantins de notre juvénile raison semblent jamais impénétrables à l’homme adulte. Et cela non seulement parce que les réflexions de notre tout jeune âge se sont complètement effacées de notre mémoire ; mais surtout parce que le désir de s’instruire, de tout apprendre, qui sert pour ainsi dire de moteur à notre intelligence, a porté très longtemps notre attention, non sur l’analyse de nous-même, sur la psychologie de notre intellect, mais sur les choses qui nous étonnaient, et dont nous espérions bien vite deviner le secret.