Page:Metzger - Les concepts scientifiques, 1926.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

Il serait donc vain de vouloir rechercher dans l’expérience individuelle comment nous avons été amenés à réunir dans un même genre des choses présentant entre elles quelques similitudes, apparentes ou réelles.

Mais peut-être, dira-t-on, ce qui échappe à notre perspicacité quand nous tentons rétrospectivement de nous examiner nous-même, parviendrions-nous à le découvrir en procédant autrement ; et sans doute les observations habilement conduites que nous pourrions faire sur la manière dont les tout petits enfants parviennent peu à peu à situer les objets avec lesquels ils jouent dans le monde qui les entoure, comment cette image du monde se déforme continuellement, devenant de plus en plus stable, ces observations, dis-je, permettraient-elles à un philosophe attentif d’entrevoir quelque chose de la genèse des idées générales ?

Là encore, nous sommes arrêtés ; ces observations que le psychologue expérimenté pourrait faire donneraient peut-être lieu à des interprétations diverses et ne nous livreraient pas une indiscutable certitude ; en effet, la pensée des enfants ne s’exprime que fragmentairement, qu’imparfaitement par une phrase mal construite, un mot, une exclamation ; et souvent, nous ne savons pas si ces paroles représentent une affirmation assurée, une hypothèse hardie ou une interrogation inquiète ; avec d’aussi faibles données, comment reconstituer, à coup sûr, la suite des idées dont elles sont le signe imparfait ? Comment utiliser cette reconstitution hasardée pour servir de base de discussion ? D’autre part, et si l’on passe outre, comment isoler le problème des conceptualisations, de tous les problèmes similaires ayant trait aux premières acquisitions des connaissances chez l’enfant ?