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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

vient de donner un aperçu de la manière dont Copernic conçoit le Monde : « Ce système supposé, observe son commentateur, il donne le moyen de connaître la grandeur de chaque planète, et, par des expériences d’anatomie, il fait voir que si l’on doit conclure de la disposition intérieure de tous les animaux par l’ouverture d’un seul, on peut conjecturer, de même, que si, sur la terre qui est une planète, on trouve des mers, des arbres et des animaux, il s’en doit trouver de la même manière dans les autres planètes[1]. »

Les exemples précédents, que nous avons choisis au hasard dans la science d’autrefois, paraissent aujourd’hui plus romanesques que scientifiques, et le lecteur pourrait trouver étrange que des méthodes de pensée, aboutissant à des résultats fantaisistes, soient cependant d’excellents instruments d’investigation ; pour lever tout doute à cet égard, nous en citerons quelques autres plus techniques, nés à l’occasion d’expériences et provoquant des recherches expérimentales.

Nous savons que Descartes rejetait de la chimie comme de la physique les explications qui ne se déduisent pas de la mécanique pure ; — eh bien, dans la lettre même où il expose son sentiment à cet égard, après avoir parlé sévèrement de ceux qui se contentent des doctrines superficielles et vulgaires, ne propose-t-il pas à Huygens de remplacer dans une expérience le diamant, trop coûteux, par du verre ordinaire, afin de vérifier si un même dissolvant, qu’un chercheur a cru isoler, peut agir sur cette pierre précieuse, comme il a pu dissoudre l’or[2]. Il ne suppose pas un instant que la ressemblance de soli-

  1. Dufour, préface à la Pluralité des Mondes de Huygens.
  2. Œuvres, vol. II, p. 349.