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CONCEPTS FONDÉS SUR LA RESSEMBLANCE

ce corps, ceux qui refusaient de le considérer comme un remède, donnèrent contre son emploi des inductions d’analogie tirées de la simple ressemblance ; ils dirent « que ce minéral tient de la nature de l’arsenic, du mercure et du plomb, qui sont sans contredit des poisons, et, partant, qu’il doit être mis dans la même catégorie»… À quoi on leur rétorquait d’autres arguments de même ordre : « Que, bien que l’antimoine participe en quelque sorte du mercure et qu’il approche du plomb, il n’est pas pour cela poison ; puisqu’on donne aux enfants de l’infusion de mercure pour faire mourir les vers, et que pour guérir l’iléus que le vulgaire appelle mal de misère, on fait avaler des balles de plomb. À l’égard de l’arsenic, sa nature est bien différente de celle de l’antimoine, car il est chaud, âcre, corrosif et vénéneux, qu’étant avalé, et même appliqué extérieurement, il cause des accidents très funestes ; au lieu que l’antimoine a une vertu rafraîchissante et emplastique telle, que les anciens l’employaient aux remèdes des narines et des yeux. »

Vers la même époque, Blaise de Vigenère tenta d’établir, entre le feu et le sel qui tous deux conservent et purifient les viandes, une ressemblance qui se transforme en analogie ; ces usages semblables lui démontrent une similitude de substances : « Les sels, dit-il, étant de nature de feu en ont aussi les propriétés et effets, à savoir : de purifier et de nettoyer les ordures et immondices[1]. »

Mais ce sera dans les spéculations sur l’organisation générale de l’univers, que la transformation d’une ressemblance en analogie virtuelle se montrera dans toute sa simplicité affirmative. Huygens, par exemple,

  1. Nous avons parlé de ces exemples dans notre ouvrage : les Doctrines chimiques…