Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
les doctrines chimiques en france

Toute chose susceptible d’augmentation, disent les alchimistes, doit avoir sa propre semence ; si la quantité d’or peut s’accroître, il faut nécessairement qu’il contienne en lui-même des germes de son propre être… ; et chaque semence, d’ailleurs, ne se développe que dans un terrain favorable à son éclosion où elle trouve sa nourriture ; le laboureur sait cela et il ne sèmerait jamais du blé sur du marbre.

L’aliment qui nourrit la semence ne lui donne aucune qualité particulière, mais il en reçoit d’elle ; cet aliment doit contenir en lui-même les principes matériels dont la semence est composée ; un être ne se nourrit pas à volonté de n’importe quelle substance ; nous le voyons chez les animaux et les plantes ; l’aliment naturel de l’or, nous dit-on, c’est le métal imparfait.

Enfin, les semences des règnes animal et végétal ne donnent, en aucun cas, les fruits d’un autre ; l’avoine ne produit jamais un lapin, ni la semence du renard un poirier. Il en est de même du germe de l’or, qui est absolument spécifique ; s’il se développe, il ne produira jamais que de l’or[1].


D. — Remarquez maintenant comme la théorie hermétique a insensiblement dévié. Tout à l’heure, quand il s’agissait de nous convaincre de la possibilité de leur art, en même temps que de son excellence, les alchimistes déclaraient que les métaux

  1. Hensig, p. 130.