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les doctrines chimiques en france

ni l’expérience ne fournissent d’argument en faveur de leur constance.

« Nous voyons, dit Ettmuller, les végétaux se changer les uns dans les autres, le froment en avoine, le seigle en ivraie, le cresson en menthe, parce qu’ils conviennent en leur racine et en leurs principes matériels. Pourquoi la même chose n’arriverait-elle pas aux métaux[1] ? » Avant de discuter la valeur de cette argumentation, remarquons ceci : alors que les alchimistes ne supposaient aucunement que l’espèce vivante susceptible de varier avait quelque tendance à réaliser un progrès, et qu’ils la laissaient se modifier à la dérive, ils admirent, en vertu de leur principe primordial, que l’évolution des métaux se poursuit dans un sens déterminé et posé d’avance. Certes, les deux affirmations suivantes : les métaux, dans certaines circonstances, sont susceptibles d’être modifiés, et : les métaux tendent à leur perfection, ne sont pas contradictoires entre elles ; seulement, elles n’apparaissent aucunement comme des suites logiques l’une de l’autre ; et, en l’absence de la dernière, la première n’apporte aucun argument en faveur de l’art spagyrique.

Les alchimistes, nous venons de le voir, pour justifier à la fois leur doctrine et leurs recherches comparèrent constamment le règne métallique et le règne organisé dont ils supposèrent implicitement l’ana-

  1. Chimie, p. 442.