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les doctrines chimiques en france

corps naturel, est dû à la modification de la matière première universelle ; ou ils pensent que les métaux sont dus à la mixtion, dans certaines circonstances, des quatre éléments péripatéticiens ; ou à celle des trois principes spagyriques. Au moment de l’éphémère et éclatant succès du dualisme de Tachénius, qui voyait dans chaque phénomène un combat entre le principe « acide » et le principe « alcali » et tentait de réduire à cette hypothèse simpliste la complexité effarante du monde matériel, l’on crut découvrir beaucoup d’alcali dans les corps métalliques, puisque un grand nombre d’entre eux se dissolvent avec effervescence dans les acides minéraux[1]. D’autre part, la philosophie mécanique et corpusculaire dont le développement brillant fit rentrer pour un temps dans l’ombre toutes les théories adverses ne considéra dans chaque corps que l’espace occupé par sa molécule.

Descartes[2] et son disciple Rohault[3], qui ne séparèrent jamais la description des corps de l’histoire de leur formation, croient que les corps métalliques sont dus à l’interpénétration au sein de la terre de différentes parties de sel agitées par la matière de leur premier élément, hypothèse qui, dans leurs écrits, reste fort obscure et à laquelle ils n’ont pas l’air de tenir beaucoup ; mais ils ajoutent très nettement « quant aux différences que l’on remarque

  1. Chimie d'Hippocrate, voir chap. 3.
  2. Principes
  3. Physique, p. 182, 1671.