Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
les doctrines chimiques en france

une superstition bizarre, ou une incompréhensible folie[1].

F. — Mais c’est aux philosophes hermétiques qu’il faut nous adresser pour savoir la véritable composition des corps métalliques ; un grand nombre d’entre eux, dit Salomon, pensent avec Albert le Grand « que les métaux sont tous faits d’une même matière qui est l’argent-vif et qui est uni et mêlé avec une terre visqueuse qu’ils appellent soufre, et ils assurent que la différence de la cuisson qui, digérant diversement cet argent-vif, en sépare différemment le soufre impur jusqu’à ce qu’il n’y en reste plus ; et alors, disent-ils, c’est de l’or qui n’est que de l’argent-vif parfaitement digéré. Et en effet, l’expérience nous fait voir que l’argent vif est la matière des métaux[2] », parce que, explique Salomon, l’argent-vif s’unit à eux et que cette combinaison prouve une similitude de matière ; d’ailleurs, ajoute-t-il, les métaux ont la même action sur le corps humain ; les fondeurs de plomb sont sujets aux mêmes accidents que les fondeurs de vif-argent, ce qui semble prouver que ces corps différents sont composés de substances de même nature.

Ainsi que la plupart des auteurs, Barba soutient que « l’argent-vif et le soufre sont la matière la plus prochaine des métaux et que leur variété résulte

  1. Voir chap. iv, v et vii.
  2. Salomon, page xxvii.