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les doctrines chimiques en france

primer, Van Helmont faisait, de la constance de la quantité de matière, mesurée à la balance, une des bases de ses démonstrations expérimentales[1]. Un peu plus tard, Borrichius, pour rendre sensible aux physiciens que la congélation de l’eau est un phénomène purement mécanique, qu’il ne s’ajoute à ce liquide aucune « particule frigorifique », qui lui imposerait la forme solide, pesa de l’eau qu’un grand froid transforma en glace…, il la pesa de nouveau et lui trouva le même poids, ce qui doit prouver à son avis qu’aucune matière, étrangère ne s’est introduite dans le flacon ! Cette manière de voir est-elle nouvelle[2] ? Il semble qu’au xviiie siècle elle gagna en importance dans l’esprit de la plupart des savants, peut-être sous l’influence de la physique newtonienne. C’est en l’utilisant habilement que Lavoisier put dévoiler à ses contemporains étonnés une contradiction entre la théorie du phlogistique de Stahl et les phénomènes de combustion observés dans les laboratoires. Elle s’imposa sans qu’il soit possible de savoir quand, comme une indiscutable notion primitive. Si, nous ne pouvons déterminer quelle a été l’influence réelle de Van Helmont, sur la genèse de la première loi de la chimie connue sous le nom de loi de Lavoisier, nous devons pour-

  1. Meyerson a discuté cette question par rapport à Lavoisier dans l’ouvrage suivant : « Identité et réalité ». Nous aurons occasion d’y revenir aux chapitres vi et vii et surtout quand nous étudierons la philosophie newtonienne.
  2. COL6, p. 378. Sur l’eau glacée et sa congélation.