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les doctrines chimiques en france

Jacques Grévin[1] avaient échangé à son sujet quelques arguments bizarres et de pittoresques injures ; la Faculté de médecine s’était intéressée aux débats, et tout semblait rentré dans l’ordre.

Au milieu du xviie siècle la querelle reprit de plus belle ; les factums contenant les pires accusations et injures pour ou contre les partisans ou les adversaires de l’antimoine se succédèrent avec rapidité ! En 1666 un décret de la Faculté de médecine et un arrêt du parlement autorisèrent l’emploi de l’antimoine sur ordonnance des médecins.

Parmi les raisons que firent valoir dans les débats les ennemis de l’antimoine, il nous faut noter celle-ci : « Que ce minéral tient de la nature de l’arsenic, du mercure et du plomb, qui sont sans contredit des poisons et partant, qu’il doit être mis dans la même catégorie[2]. »

À quoi on leur répondait « que, bien que l’antimoine participe en quelque sorte du mercure et qu’il approche du plomb, il n’est pas pour cela poison, puisqu’on donne aux enfants de l’infusion de mercure pour faire mourir les vers et que pour guérir l’ileus, que le vulgaire appelle mal de misère, on fait avaler des balles de plomb. À l’égard de l’arsenic sa nature est bien différente de celle de l’antimoine. Car il est chaud, âcre, corrosif et vénéneux, qu’étant avalé et même appliqué

  1. Discours sur les vertus et facultés de l’antimoine, contre ce qu’en a écrit maître Loys de Launay, Paris, 1566.
  2. J. S., 1666, pag. 271, 2e argument.