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les doctrines chimiques en france

n’avons rien à dire ; signalons la réponse que lui fit Claude Germain dans ses dialogues intitulés : « Orthodoxe ou de l’abus de l’antimoine — dialogue très nécessaire pour détromper ceux qui donnent ou prennent le vin et la poudre émétique — où il est prouvé par raisons tirées de l’ancienne et nouvelle médecine et chimie, ta1e ces préparations ne peuvent ôter à l’antimoine ses qualités vénéneuses[1]. » L’auteur reproche aux médecins d’user de ce vomitif violent, très voisin de l’arsenic, et qui fait plus de mal que de bien[2]. Aux chimistes qui prétendent que tout se passe dans le corps humain comme dans le laboratoire de chimie, et qui ont le ridicule de conseiller l’usage interne de l’antimoine parce que ce corps est employé à purifier les métaux précieux, il fait l’amusante réplique suivante : « Nos orfèvres savent que l’antimoine dépouille l’or de ses impuretés et l’exalte en son souverain degré de perfection. Je ne puis néanmoins me persuader qu’il agisse en nous de la sorte et produise de semblables effets… si ce n’est qu’il nous fasse passer de cette vie mortelle et remplie de misères en l’éternelle et bienheureuse. C’est ainsi qu’on pourrait dire qu’il nous nettoie de toutes nos ordures et saletés[3]. »

À ces accusations, un brillant défenseur de ce

  1. 1652.
  2. Voir aussi Boerhave, chimie
  3. Page 291.