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les doctrines chimiques en france

sûrs du lieu de sa formation et de la manière dont il s’est formé… » et Descartes[1] n’a pas cru pouvoir dépeindre l’état actuel du monde sans introduire une fiction racontant l’histoire de sa création.

Cette fiction, qui tient une grande place dans la philosophie de la matière de certains cartésiens, nous la trouvons résumée chez un professeur de physique.

« Descartes supposa donc qu’au début du monde, Dieu créa premièrement une certaine quantité de matière et qu’il la divisa en parties dures et cubiques, étroitement appliquées l’une contre l’autre, face contre face, de telle sorte qu’il ne s’y trouve aucun interstice, pas même possible ; le vide dans son système est aussi impossible que la chimère. Deuxièmement, Dieu communiqua à ces particules cubiques deux mouvements, l’un autour de leur propre centre, l’autre autour du centre commun. Ces deux suppositions admises, voici comment raisonne Descartes : ces particules primordiales de figure cubique n’ont pas pu recevoir un pareil mouvement sans avoir leurs angles rompus par le frottement, et sans être transformées en corps sphériques. De ces angles inégalement rompus, est sortie une matière infiniment déliée, qu’il nomme matière subtile et qu’il regarde comme le premier élément, comme l’âme de son monde. Les cubes arrondis et métamorphosés en petits globes, lui ont fourni la matière globuleuse qui va

  1. Voir les Principes.