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Développement de la philosophie mécanique

prédécesseur de notre chimie moderne ; le corps simple semble être pour notre auteur un corps que l’on n’est pas encore parvenu à décomposer ; les historiens de la science ont salué en lui avec raison un précurseur de Lavoisier. Cependant, comme certains d’entre eux l’ont remarqué, il ne faudrait point donner aux affirmations ci-dessus, qui nous ont semblé si nettes, une signification trop absolue[1] : Boyle apporte à ces affirmations certaines restrictions qui, au premier abord paraissent étranges, mais qui sont logiquement correctes, et qui font grand honneur au sens critique du savant anglais ! Bien que la science expérimentale ne les ai pas reconnues valables, il ne faudrait pas en méconnaître la portée.

« Une considération sur laquelle je désire attirer l’attention, dit Boyle, est celle-ci : qu’il n’est pas sûr, ainsi que les chimistes et les péripatéticiens l’ont avancé, que chaque substance homogène ou distincte, séparée d’un corps par l’aide du feu, préexistait dans ce corps comme principe ou élément. » Non pas que le feu crée à proprement parler les substances nouvelles qui apparaissent grâce à son action ; mais le chimiste peut à bon droit, demander si les différents corps que l’analyse extrait du mixte, étaient contenues dans ce mixte et n’en ont été que séparées, ou si l’action du feu a donné aux corpus-

  1. Il ne faudrait pas dire avec M. Delacre que Boyle a été suggestionné par l’idée d’une matière première primordiale ni que ces « notions étaient peu claires ».