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la théorie de lémery

que chaque partie du mercure soit assez pesante pour résister à la rapidité du feu. De plus, il peut se faire que ces petits corps de mercure que nous supposons compacts aient des corps, figurés de telle manière, que les parties du feu étant embarrassées dedans, elles ne trouvent point d’issue libre pour sortir, de sorte qu’elles enlèvent leurs petites prisons[1]. »

Cet exemple est très caractéristique de la méthode employée par Lémery ; la forme des particules de chaque corps est immédiatement déduite des propriétés de ce corps et chaque propriété nouvellement découverte s’explique par quelque complication encore inaperçue de la figure de ces molécules ; notre chimiste n’essaye pas de concilier entre elles les diversités qu’il est obligé de supposer à tous ces petits corps primitifs ; il n’essaye pas d’en déduire quelque propriété encore inconnue ; les hypothèses, chez lui, sont la traduction d’expériences, non un résumé ni un programme de travaux. Si cependant les différentes qualités d’un même corps peuvent facilement s’interpréter à l’aide de la même image, il tire de ce fait argument en faveur de son hypothèse : Dans l’exposé qu’il va nous donner des causes de la dissolution de l’or dans l’eau régale, il fera une anticipation de futures découvertes microscopiques qui rendra sensible à l’imagination visuelle les phénomènes qui, à cause de la ténuité des corpuscules,

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