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« La dissolution de l’or est une suspension que les pointes de l’eau régale font des particules de ce métal dans du phlegme[1], car il ne suffit pas que l’eau régale ait divisé l’or en parties subtiles, il faut encore que ses pointes le soutiennent comme des nageoires, autrement il tomberait toujours au fond en poudre si subtile qu’elle fût[2].

Objections : Les parties de l’or devraient tomber au fond de la liqueur, parce qu’étant jointes aux pointes de l’eau régale, elles sont encore plus pesantes qu’elles n’étaient, car l’union de ces deux corps fait plus de poids que quand ces deux corps sont séparés.

Réponse : On doit concevoir les parties de l’or, suspendues par les pointes acides dans le phlegme, à peu près comme on conçoit fort bien qu’un petit morceau de métal, attaché à un bâton ou à une planche, nagerait avec le bois dans l’eau ; car, quoique le petit morceau de métal tombe au fond quand il est seul, il nage quand il est attaché au bois : les pointes acides sont des corps fort légers en comparaison des particules de l’or ; elles ont aussi des surfaces beaucoup plus étendues, et par conséquent elles occupent plus de phlegme : c’est ce qui les soutient et les fait nager. »

  1. Ou eau ordinaire.
  2. Page 55.