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les doctrines chimiques en france

à pénétrer le sel ammoniac[1], le sel acide se lie avec lui et il abandonne les sels volatils qui, se trouvant débarrassés du corps qui les tenait comme fixés, s’élèvent avec violence ; mais comme ces sels, qui sont des alcalis, rencontrent à leur passage quelques acides de l’esprit de nitre qui les pénètrent, il se fait la grande effervescence qui arrive toujours à la rencontre des alcalis et des acides ; cette effervescence étant passée, notre eau régale reste dans le vaisseau ; ce n’est proprement qu’un sel marin acide[2], dissous dans l’esprit de nitre, les sels volatils étant exaltés ou ayant été détruits par l’acide, ce qui confirme cette pensée est qu’on fait aussi bien de l’eau régale avec le sel marin dans lequel il n’y a point de volatils qu’avec le sel ammoniac.

Ce n’est donc pas par des raisonnements de cette nature qu’on peut éclaircir ce phénomène ; je crois, avec plus de vraisemblance, que si l’eau régale ne dissout point l’argent, c’est parce que les pointes de l’esprit de nitre, ayant été grossies par l’addition de sel, glissent sur les pores de l’argent, n’y pouvant point entrer à cause de la disproportion des figures, au lieu qu’elles s’introduisent dans l’or, dont les pores sont plus grands, pour y faire leurs secousses. Si, au contraire, l’esprit de nitre dissout l’argent, c’est parce que

  1. Ou chlorure d’ammonium, il se ferait la décomposition suivante : acide chlorhydrique et ammoniac.
  2. Acide chlorhydrique.