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les doctrines chimiques en france

phie en usage chez les médecins ne proclamait-elle pas l’analogie de tous les corps que nous rencontrons et des fragments du corps humain ?… L’étude de la chimie minérale était un complément nécessaire à l’étude de la chimie organique et, à l’époque de Lémery, cette dernière tenait encore la place primordiale dans les préoccupations des savants.

Paracelse et ses sectateurs, en vantant outre mesure les remèdes d’origine métallique, avaient invité la chimie à ne pas dédaigner des excellents matériaux encore inutilisés ; mais, comme cela est naturel, le travailleur s’efforça à mettre en lumière, par ses opérations de laboratoire, que les métaux comme les plantes pouvaient être résolus en quelques principes plus simples, doués chacun d’une des propriétés du mixte. Cet effort, voué à un échec, incite les chimistes, par son insuccès, même à douter, avec Robert Boyle, de la légitimité des assertions des « spagyristes vulgaires ». Ainsi l’innovation de Paracelse aboutit à provoquer une révolution chimique que le fondateur de l’école ne pouvait aucunement prévoir. Et l’étude des minéraux, parce qu’elle n’avait pu rentrer dans les cadres de La théorie alors régnante, dut se créer une discipline spéciale qui, à la fin du xviiie siècle, s’imposa à toute la chimie.

Vers l’époque de Lémery, le renversement d’influences se dessine encore timidement ; les cinq principes ont déjà supporté de nombreuses attaques et Lémery, qui les défend avec quelque scepticisme,