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les doctrines chimiques en france

disciples studieux de ces maîtres. Il s’agissait tout d’abord de suggérer une vision d’ensemble qui laissât deviner l’homogénéité et l’élégante simplicité de chaque doctrine jouissant alors d’un certain prestige ; en replaçant chacune d’elles au milieu du courant d’opinions qui l’ont fait naître et qui entretenaient son succès, nous apercevons plus facilement en quoi elle satisfaisait aux aspirations intellectuelles de son époque. Les extravagances apparentes qui déroutent ou éblouissent de prime abord le lecteur moderne, les rapprochements inattendus qui déconcertent son imagination prennent ainsi leur véritable signification ; ce sont des prolongements superficiels de systèmes parfaitement cohérents admis instinctivement si l’on peut s’exprimer ainsi par l’ensemble des savants contemporains. Éclairés par ces systèmes, ou, si l’on préfère, par la méthodologie d’autrefois qu’une étude approfondie peut seule reconstruire, les explications qui nous font sourire, les théories qui nous paraissent déraisonnables reprennent vie et vraisemblance ; nous les devinons, à mesure que nous les lisons, et souvent nous prévoyons, connaissant le point de départ, quelle sera la route choisie par l’auteur, à quel lieu elle aboutira… C’est ainsi que nous avons vu défiler, de Paracelse à Lémery, une série de doctrines étranges qui cependant s’harmonisent facilement avec les opinions professées au même moment par les philosophes, les médecins ou les physiciens.

Mais notre tableau est incomplet ; la chimie, telle